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Portrait de leader

Voir la vie en vert

Karine Lavertu
Karine Lavertu

6 décembre 2007

Karine Bellerive

Les questions environnementales sont au cœur des préoccupations de Karine Lavertu. Engagée dans mille et un projets, cette doctorante en génie mécanique ne craint pas de bousculer les conventions pour multiplier les gestes verts au sein de la communauté universitaire.


Une série de réalisations impressionnante

Karine Lavertu s'est d'abord impliquée dans sa propre faculté en participant à la création du groupe Génie-Vert, en 2002. Selon elle, les efforts de récupération étaient nettement insuffisants à cette époque. «Dans son travail, un ingénieur peut avoir un impact important sur l'environnement, souligne-t-elle. On voulait sensibiliser ces gens-là pour qu'ils y pensent plus tard.»

L'une des premières actions du groupe fut de réduire la quantité de déchets produits lors des 5 à 8. La trousse de la rentrée, remise à chaque étudiant, comprend désormais une chope à bière en verre. «On demande un dollar de plus à ceux qui utilisent des verres de plastique», mentionne la jeune femme. L'achat d'un lave-vaisselle industriel permet de limiter l'utilisation de vaisselle jetable et l'on effectue systématiquement le recyclage des bouchons de bière.

Génie-Vert a par ailleurs développé un volet plus technique. Un comité travaille à la conception et à la fabrication d'une éolienne de 1,5 kilowatt, en collaboration avec une université malgache. Il s'agit du projet de fin de baccalauréat de Karine Lavertu et de quelques collègues, qui se poursuit avec le groupe. «Notre éolienne n'était pas fonctionnelle lorsque nous avons terminé notre bac», explique-t-elle. L'objectif consiste à créer un produit de fabrication simple et facile d'entretien, avec des matériaux disponibles à Madagascar.

Au départ, l'éolienne était destinée à une école ayant des besoins en énergie. «Mais on s'est dit que si elle se brisait, les gens là-bas se retrouveraient avec le même problème», ajoute Karine Lavertu. La phase ultime du projet consiste donc à se rendre à Madagascar pour leur enseigner comment fabriquer et entretenir les éoliennes. «J'y suis allée en janvier et j'ai rencontré la famille de mon chum, qui est d'origine Malgache, confie-t-elle. Sa sœur, qui étudie en administration, fait son mémoire sur la mise en marché de ces éoliennes!»

Cette facilité à créer des liens entre les individus fait incontestablement de Karine Lavertu une leader. C'est d'ailleurs elle qui assure la liaison entre Génie-Vert, le conseil municipal de Saint-François-Xavier-de-Brompton, où elle habite, et le comité de gestion du bassin versant de la rivière Saint-François dans le cadre d'un projet de dépollution du Petit Lac Saint-François. «On a un problème de cyanobactéries sur la totalité du lac, déplore-t-elle. Je ne suis pas spécialiste en dépollution, mais nous avons l'expertise de quatre étudiants en génie chimique.»

Son audace et sa ténacité ont également permis à la coopérative de solidarité en habitation L'Estudiantine d'améliorer l'efficacité énergétique des résidences étudiantes au centre-ville de Sherbrooke. Interpellée lors de la publication d'un article à ce sujet dans La Tribune, Karine Lavertu a aussitôt cherché à rencontrer le chargé de projet et l'entrepreneur et elle est devenue membre du comité de suivi de la construction.

Déterminée, elle a réuni et coordonné un groupe d'étudiants à la maîtrise en environnement et en administration. «On a fait des recherches pour assurer une gestion efficace de l'eau, limiter la pollution lumineuse, améliorer l'isolation du bâtiment, prévoir l'installation d'un échangeur d'air avec récupération de chaleur et la création d'une cour intérieure avec espace vert. Puis on est allé chercher 58 000 $ en subventions, ce qui fait que ça n'a pas coûté plus cher que ce qui était prévu au départ. Et on épargnerait environ 15 000 $ annuellement en énergie.»

L'actuelle présidente de la coopérative L'Estudiantine et vice-présidente au développement durable du REMDUS s'est par ailleurs impliquée dans l'organisation de la Journée sans voiture en 2006 et 2007, ainsi que dans la diminution de l'impact environnemental de la Journée de la recherche 2007.

Et ce n'est qu'un début

Dynamique et résolue, Karine Lavertu n'a pas l'intention de s'arrêter. Elle tente présentement de convaincre la direction de l'UdeS d'investir dans la construction d'un bâtiment qui répondrait à une certification environnementale élevée. «Ça va faire sourire les vice-recteurs, parce que je leur en ai déjà parlé, mais j'ai vraiment hâte d'avoir un bâtiment LEED à l'Université, insiste-t-elle. Il y a un projet de maison communautaire et de pub pour les étudiants. Ce serait l'occasion idéale pour le faire.»

Elle travaille aussi à la création d'un fond de subventions pour les projets en développement durable, accessible tant aux étudiants qu'aux employés. «Les démarches sont en cours. On aurait aimé que tout soit réglé en septembre 2007, mais ça va aller à la prochaine rentrée, dit-elle. On va proposer des exemples concrets d'initiatives qui pourraient être subventionnées.»

De bons modèles

Karine Lavertu

La jeune femme croit que son désir d'engagement lui vient de son père. Enseignant les mathématiques au secondaire, celui-ci s'est beaucoup impliqué au sein d'organisations syndicales. Une anecdote résume bien les valeurs qu'il a transmises à ses enfants. «On a conclu une convention collective avec nos parents, ma sœur aînée et moi, rigole-t-elle. Je devais avoir six ans. Plutôt que de recevoir une allocation, on avait des tâches à faire. On recevait de l'argent si on les faisait. Mais si on ne les faisait pas, on leur devait de l'argent!»

L'implication scolaire et sociale de Karine Lavertu a réellement débuté au secondaire. Représentante au conseil étudiant, présidente de son école, membre de regroupements sportifs, elle n'a jamais cessé de faire valoir ses idées. «Je faisais partie d'une gang où tout le monde était comme ça. Quand tu vois quelque chose qui serait bien, c'est mieux de le faire que d'attendre que quelqu'un d'autre le fasse!»

À l'Université, c'est un étudiant un peu plus vieux qu'elle, Benoit Champoux, qui l'a davantage sensibilisée à l'environnement. Finissant, il a participé aux premières discussions qui ont mené à la création de Génie-Vert. «Il m'a donné le goût de continuer», affirme celle qui est certainement elle aussi une source d'inspiration.